Une chimiste décode l’odeur de la lessive séchée au grand air

Ses recherches expliquent pourquoi on ne peut s’empêcher de faire aaaahhh quand on se faufile entre les draps qui ont claqué au grand vent par une belle journée d’été.



Cette odeur enivrante de propre, d’ozone et d’air frais a été maintes fois imitée par les fabricants de parfums, de chandelles et même de détergents. Peine perdue, parce que rien ne peut se mesurer au parfum insaisissable de la lessive qui a séché au grand air à la campagne, comme chez grand-maman.

C’est le genre de souvenir d’enfance qui a motivé Silvia Pugliese, une chimiste Italienne titulaire à la maîtrise à l’Université de Copenhague, à se pencher sur la question avec une équipe de chercheurs. Après avoir réquisitionné un bureau sombre et un balcon sur le campus, ils ont installé des cordes à linge à l’intérieur, à l’extérieur en plein soleil et à l’ombre d’un auvent. Ils ont ensuite lavé avec le même détergent des serviettes de coton achetées chez IKEA (évidemment!). Une fois séchées, les serviettes ont été séquestrées dans des sacs étanches pendant des heures pour capter les arômes s’en dégageant.

On s’en doute, ce sont les serviettes séchées au soleil qui ont émis le plus de composantes chimiques aromatiques. D’une part, des aldéhydes et des cétones, molécules naturelles émises par des plantes et des fleurs (ce qui n’est pas surprenant) et qui entrent dans la composition de parfums comme Chanel N° 5 (ce qui est un peu plus surprenant). Ainsi, les serviettes séchées au soleil émettaient du nonaldéhyde, qui évoque la rose, du pentanal, que l’on retrouve dans des épices comme la cardamome, et de l’octanal aux arômes de fruits citrins.

Autre constat : l’exposition aux rayons UV stimulerait la formation de molécules très réactives, les radicaux, qui en se combinant à d’autres molécules donnent naissance à des aldéhydes et des cétones. Lorsque ces éléments se retrouvent en grand nombre sur une surface humide – une serviette par exemple – qui est exposée au soleil, leur activité serait décuplée. En fait, toutes ces molécules s’agitent et s’excitent pour sentir bon!

L’étude, réalisée en milieu urbain, ne tient pas compte de l’odeur des plantes à la campagne, qui parfume également la lessive, tout particulièrement le coton, une fibre à laquelle les molécules aromatiques aiment bien s’accrocher. C’est pourquoi les cordes à linge des maisons provençales sont souvent installées à proximité de plants de lavande (pour en avoir fait l’expérience, on peut dire que l’effet est renversant). Et elle ne précise pas non plus que le soleil du printemps et de l’été agit comme un désinfectant sur les draps, serviettes et vêtements en tuant les bactéries qui pourraient s’y trouver. Un atout non négligeable, surtout si on lave à l’eau froide avec des détergents écolos.

Autant de raisons pour laisser tomber la sécheuse!

Source: New York Times.

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