Lecture: histoires de femmes et d’émancipation

Un voyage dans le temps pour retrouver avec plaisir des femmes engagées sur la voie de l’émancipation, dépeintes de façon magistrale par des femmes, bien évidemment. On attend vos suggestions pour les héroïnes québécoises!
Texte MJ Desmarais  photo katlyn boone



Elena Greco, Rafaella Cerullo
L’amie prodigieuse (L’amica geniale) et la «quadrilogie napolitaine», Elena Ferrante, 2012
Les quartiers pauvres de Naples dans les années cinquante, la misère matérielle et psychologique, la violence des hommes, celle des femmes, aussi. C’est la toile de fond d’une amitié entre deux têtes fortes, deux insoumises, qui se délie de l’enfance à l’âge adulte. Personne n’a dépeint les hauts et les bas de l’amitié féminine avec autant de justesse que cette géniale auteure à l’identité de moins en moins mystérieuse (seule une femme qui se cache sous ce pseudo).

Eliza
Fille du destin (Hija de la fortuna), Isabelle Allende, 1998
Abandonnée à Valparaiso en 1832, adoptée par une famille britannique, elle tombe amoureuse d’un jeune homme pauvre qui la quitte pour partir en Californie. Elle a 16 ans, elle est enceinte et décide de monter clandestinement à bord d’un voilier pour le suivre. Ça ne se calme pas à destination, où elle débarque dans un monde d’hommes en pleine ruée vers l’or et part à la conquête de sa liberté. Un roman d’aventures, d’autodécouverte, et aussi d’amour.

Hermione Granger
Harry Potter, J.K. Rowling, 1997
Parce qu’elle est première de classe. Parce qu’elle a toujours raison. Parce qu’elle est courageuse. Parce qu’elle se fiche complètement de ne pas être comme les autres (ses parents sont des dentistes moldus) et, surtout, parce J.K. Rowling ne l’a pas fait tomber sous le charme du garçon à lunettes.

Offred
La Servante écarlate (The Handmaid’s Tale), Margaret Atwood, 1987
Dans cette dystopie, l’état totalitaire et misogyne de Gilead a remplacé les États-Unis, et les femmes perdent leurs droits et libertés. La pollution ayant entraîné une chute dramatique de la fertilité, des femmes en âge de procréer deviennent des «servantes», soit des machines à enfanter pour des couples riches (les épouses ont à peine plus de droits). Offred, la narratrice et la «servante» de son maître, nous entraîne dans son cauchemar en dévoilant sa résistance intérieure. La série télé a connu un tel succès que Margaret Atwood publiera une suite à ce roman magistral.

Celie Johnson
La Couleur pourpre (The Color Purple), Alice Walker, 1982
Le sud des États-Unis, dans les années 1930, n’était pas tendre envers les femmes noires. Violée par son père de qui elle aura deux enfants, battue, oppressée, Celia se retrouve captive d’un mariage désastreux. Elle s’émancipe après avoir rencontré la chanteuse Shug Avery, une femme qui a pris sa destinée en main et qui lui montre la voie de l’émancipation. À noter: le roman est plus cru et plus osé que le film de Steven Spielberg, jugé pas mal tiède.

Jo March
Les quatre filles du docteur March (Little Women), Louisa May Alcott, 1868
En lisant ce classique, on s’identifie forcément à une des quatre sœurs ados – Meg, Jo, Beth, Amy – qui se débrouillent tant bien que mal avec leur mère pendant que leur père, ruiné, participe à la guerre civile américaine. Celle qui sort du lot, c’est Jo. Indépendante, drôle, généreuse, colérique et tomboy, elle rêve de devenir écrivaine et ne s’intéresse pas au mariage, ce qui est à peu près impensable à l’époque.

Jane Eyre
Jane Eyre, Charlotte Brontë, 1847
Orpheline, recueillie par l’infâme Mrs Reed, puis envoyée à l’internat où les conditions de vie sont atroces (absence de chauffage, épidémie de typhus et on ne parle pas du porridge gluant), cette jeune femme de tête décide de changer de vie et devient gouvernante chez le richissime Mr. Rochester, dont elle tombera amoureuse. Tout semble bien aller, mais non, ce serait trop simple.

Elizabeth Bennet
Orgueil et préjugés (Pride and Prejudice), Jane Austen, 1813
L’héroïne littéraire préférée des Anglais et le personnage favori de l’auteure, qui la décrit ainsi dans une lettre: I must confess that I think her as delightful a creature as ever appeared in print, and how I shall be able to tolerate those who do not like her at least, I do not know. Dans l’Angleterre bourgeoise du XIXe siècle, la brillante Lizzie, deuxième d’une famille de cinq filles, se moque de tout: des règles étriquées de la société, des prétentions de tous et, surtout, de l’emprise des hommes (même de celle du beau Mr Darcy) sur les femmes.

 

 

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