Portes ouvertes chez la styliste Catherine Perron

Notre collaboratrice est une passionnée d’art et de design qui travaille en mode depuis dix ans. Catherine aime la pluie, le café au lait et les gens imparfaits, et, même si elle est amoureuse de sa ville, elle est toujours en train de penser à son prochain voyage. Elle nous ouvre les portes de son nid douillet de la Petite Italie, rempli de pièces vintage et de souvenirs.
PHOTOS MARJORIE GUINDON



Pourquoi la Petite Italie?
Après dix ans sur le Plateau, j’avais envie de changement et la Petite Italie, c’est pour moi le meilleur coin de la ville. J’adore être près du marché Jean-Talon pour faire mes provisions et revenir avec mes sacs remplis de fruits, de légumes, de fleurs. Ici, on a une vraie vie de quartier. C’est un coin hyper familial, mais qui bouge beaucoup. À deux pas de chez moi, j’ai les meilleures épiceries, les meilleurs cafés, les meilleurs restos. Je peux sortir prendre un verre et être dans mon lit en moins de deux, puis dormir paisiblement parce que ma rue est toujours calme. Contrairement au Plateau où, oui, je sortais juste à côté, mais où j’avais l’impression que le bar me suivait jusque dans mon lit.

As-tu eu un coup de cœur pour ton appart?
Malheureusement non! Il était trop petit, beaucoup plus que mon ancien appartement, mais j’ai été séduite par l’emplacement unique et le prix du loyer. Au début, j’ai eu un gros deuil à faire parce que j’ai dû me départir de nombreux meubles et que la sélection n’a pas été facile à faire. Finalement, je suis bien: j’ai conservé mes coups de cœur et les pièces qui sont à la fois belles et utiles – j’aime qu’un objet aussi banal qu’un ustensile ou une râpe à fromage soit beau et ait quelque chose de spécial.

 

Comment décrirais-tu ton style?
Je suis très brocante et mon style est assez chargé. J’aime les univers vivants, le mélange des genres, et j’ai vraiment besoin de vivre dans un lieu chaleureux et convivial. Je m’entiche souvent d’une couleur, j’ai eu ma phase blanc, suivie du bleu gris, et maintenant je tripe sur le vieux rose et toutes les déclinaisons de blush. Disons que le style japonais, très peu pour moi; je déteste les maisons froides et aseptisées. Par contre, j’aime beaucoup le style scandinave.

Ta pièce favorite?
C’est la grande pièce à vivre avec mon grand tableau d’école, mon poisson rouge Jean-Paul Belmondo et tous mes souvenirs. Comme c’est une pièce ouverte, je peux voir tout mon univers d’un seul coup d’œil.

 

As-tu un rituel home sweet home?
J’adhère totalement à la tendance hygge des Scandinaves. Je suis très doudou, j’ai des couvertures partout, j’allume des chandelles même quand je suis seule pour le plaisir de créer une atmosphère feutrée, cosy. Et je ne peux vivre sans mon rituel du café au lait.
Je me suis organisée pour que tout me plaise dans mon appartement, peu importe où je pose le regard. J’embarque vraiment dans la théorie de l’architecte Pierre Thibault qui pense que la beauté rend heureux. La beauté des lieux, des villes, des rues, des maisons nous affecte plus qu’on le pense, elle nous apaise et contribue à notre bien-être. La beauté, ça peut sembler superficiel, mais pour moi, c’est de la poésie, pas du clinquant, et ça n’a rien à voir avec le luxe.

Tes conseils pour décorer sans trop dépenser?
Faire les petites annonces, il y a un tas de bonnes affaires à faire. J’ai trouvé mes chaises de cuisine de style scandinave en parfait état à 50$ – pour les quatre. Plutôt que de se débarrasser de ses vieux meubles qu’on n’est plus capable de voir, on les transforme, ça leur donnera une deuxième vie. Penser aux plantes, qui habillent magnifiquement un lieu. Et aussi, il faut oser demander. J’ai hérité du service de vaisselle de ma grand-mère tout simplement parce que j’ai osé dire que je le voulais. Nos familles regorgent de trésors et, quand on passe le mot, on peut avoir de belles surprises. Je suis une adepte de la tendance slow deco. On est de plus en plus conscients des conséquences de nos choix sur l’environnement et c’est très cool. Pour ma part, comme j’aime le vintage et que de toute façon les vieux meubles sont mieux construits, plus durables, et qu’ils ont souvent un look unique, c’est une formule gagnante.

 

Ton meilleur coup?
Sur Facebook, un gars qui rénovait sa maison a annoncé qu’il avait mis à la ruelle une grande quantité de bois de grange et a invité ceux qui le voulaient à passer le prendre. J’ai rempli ma voiture. Avec un ami, j’ai fabriqué avec ce bois non seulement ma table de cuisine, mais aussi des tablettes, le dossier de ma banquette, l’encadrement de mon tableau, tout ça sans rien dépenser.

 

Il t’arrive sûrement de faire une folie de temps en temps, non?
Rien ne m’arrête si je veux quelque chose en voyage! En Espagne, j’ai traîné 10 livres de céramique faite à la main dans mon sac à dos parce que je voulais absolument la ramener à Montréal. En Inde, j’ai transporté dans mes bras un cadre de déesse acheté aux puces de Mumbai parce qu’il était trop gros pour mon sac à dos. En revenant de New York, j’ai dû convaincre les douaniers américains de me laisser passer la frontière avec un gros bout de bois orné d’un dessin d’une artiste de Brooklyn. Je peux continuer longtemps comme ça…

Tes objets préférés?
J’en ai beaucoup trop, mon mannequin rétro trouvé au marché Saint-Michel, mon immense tableau de classe acheté dans une vieille école du Mile End qui fermait et où j’ai acheté beaucoup trop d’objets. Ma tête de lit qui me suit depuis une quinzaine d’années et que j’ai transformée complètement. Mes souvenirs de voyage…

 

Tes sources d’inspiration?
Des magazines que je feuillette depuis toujours, mon année passée à Londres plus jeune (je suis folle du style british), mes voyages, les cafés de Montréal où je traîne souvent et qui sont tous plus beaux les uns que les autres, les heures de discussions mode et déco avec ma mère, les brocantes, les maisons de mes tantes, amis, collègues qui m’inspirent souvent d’autres idées pour ma propre maison… et, bien sûr, Pinterest qui reste maintenant un incontournable.

D’où te vient ta passion du design?
De ma mère et des femmes de ma famille. Enfant, j’ai toujours eu mon opinion sur la décoration de notre maison, et ma mère a toujours pris mes choix et mes idées au sérieux. Les maisons de mes tantes, incroyablement «Pinterest» à une époque où tout était brun et beige, m’ont aussi beaucoup inspirée. Les femmes de ma famille sont toutes incroyables, audacieuses et non conventionnelles, elles ont toujours été en avance sur leur temps. J’ai toujours été très fière d’elles et, quand j’étais jeune, j’invitais toujours mes amies chez elles pour faire ma fraîche.

Un souvenir qui t’a marquée?
Les partys de Noël de mon enfance, où tout était parfait. Rien n’était laissé au hasard. La vaisselle était incroyable, les nappes, la décoration, la bouffe, il y avait des chandelles partout. Tout était chic et de bon goût, rien à voir avec les années 1980 et l’air du temps à cette époque. De là vient ma passion pour la jolie vaisselle et les belles présentations, et surtout pour Noël et le temps des Fêtes.

 

Ce qui te fait rêver?
Mon appartement est constamment en transformation, mais, comme il est tout petit, tout l’espace est occupé. Dans la catégorie fantasme, je tripe sur une petite église près de chez moi et je m’imagine la transformer en maison de rêve. Je fais souvent un détour pour passer devant quand je rentre chez moi, le soir.  

Une marque d’ici que tu aimes particulièrement?
On m’a fait découvrir les lampes de chez Larose Guyon et je trouve leurs luminaires Perle tellement beaux et poétiques… Aussi, il y a une tendance majeure au Québec du côté des artisans céramistes qui offrent leurs productions sur différentes plateformes – en ligne, dans les boutiques indépendantes ou dans des pop-up stores. J’aime particulièrement les petits poèmes sur les gobelets, bols et autres objets de Parceline céramique, les tasses et les soliflores en forme de petites femmes nues Goye et la fabuleuse vaisselle de Marie-Ève Dompierre. Ça me donne envie de suivre des cours de poterie, juste pour le plaisir – il paraît que c’est vraiment apaisant comme pratique.

Tes bonnes adresses STP?
La moitié de mes trouvailles proviennent du marché aux puces Saint-Michel. J’aime aussi beaucoup West Elm, VdeV, Antropologie et Urban Outfitters pour les petits accessoires funky. Quand je vais à New York, je cours chez Fishs Eddy où je déniche toujours de la vaisselle cool et unique. À Paris, je capote sur tout ce qu’il y a chez Merci et je rêve de faire un tour chez Domus qui vient juste d’ouvrir et qui est un centre commercial entièrement dédié à la déco. Plantes, meubles, accessoires, électroménagers, ça doit être fou! Mais bon, Paris, ça fait loin pour rapporter un divan…

Montréal

Anthropologie
anthropologie.com
2130, rue de la Montagne, Montréal

Larose Guyon
laroseguyon.com

Marché Saint-Michel
7707, avenue Shelley, Montréal
Ouvert seulement les vendredis, samedis et dimanches

Urban Outfitters
Urban Outfitters
1246, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal

VdeV
VdeV
5042, boulevard Saint-Laurent, Montréal

West Elm
West Elm
995, rue Wellington, à Griffintown

Paris

Merci
Merci
111, boulevard Beaumarchais, Paris

Domus
Domus
16, rue de Lisbonne, 93110, Rosny-sous-Bois, France

New York

Fishs Eddy
Fishs Eddy
889 Broadway, New York

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Pour suivre Catherine
catherineperron.com
Instagram: catherineper

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1 Commentaire

  1. Lise Armstrong dit...

    Quel foisonnement ! Quel bel univers de fantaisie. Tout de même de l’organisation dans ce qui pourrait être chez certains un fouillis. Une joie de vivre qui se décline en art de vivre. Merci pour toute la générosité du geste de nous inviter chez toi !

Commentaires