Les vins orange décodés
C’est clair: au rayon des vins, orange is the new white (and red). Guide pour choisir, accompagner et savourer le vin du moment.
Par la gang d’Oenopole
Le vin orange, ou vin de macération (c’est son petit nom technique) est trrrès populaire au Québec par les temps qui courent. On l’associe, à tort, à une tendance émergente alors que le vin orange est en fait issu d’une technique de vinification très ancienne qui connaît un renouveau un peu partout dans le monde, mais qui au fond n’a absolument rien de nouveau.
Démystifions la chose tout de suite. Le vin orange, c’est tout simplement du vin blanc vinifié comme du vin rouge. Rien de compliqué! On doit le label «vin orange» au journaliste Simon Woolf du magazine Decanter. Sa logique: s’il y a du vin blanc, du rosé et du rouge, avec ce que cela implique du côté de l’apparence et du goût, la suite logique est de baptiser ce vin du nom de sa couleur. Cela dit, si le terme «vin orange» est utilisé partout en Amérique du Nord, en français comme en anglais, en Europe, les vignerons continuent à parler de «vin de macération».
Il n’y a pas si longtemps, TOUS les vins étaient fabriqués comme les vins orange. Les vignerons, peu importe la couleur du raisin, faisaient macérer les peaux avec le jus jusqu’à ce que le processus de fermentation soit complété. Le jus était par la suite séparé des peaux avant d’être mis à vieillir selon des méthodes propres à chaque région. La couleur du vin étant déterminée par le contact avec les peaux et les pépins, plus le processus était long, plus la couleur qui en résultait était intense. Les vins élaborés avec des raisins blancs – les vins orange d’aujourd’hui – avaient et ont toujours une belle couleur d’ambre ou de bronze, en fonction du temps de macération. Et les vins rouges sont encore et toujours élaborés de cette manière.
La «modernisation» qui a tout changé. Avec l’arrivée des nouvelles technologies et des nouveaux équipements viticoles, en particulier des pressoirs, les vignerons se sont mis à élaborer des vins clairs en séparant rapidement les peaux et les pépins des jus. C’est à ce moment que la tradition des vins orange a commencé à se perdre, à l’exception de certains coins de la république de Géorgie, de la Slovénie et de l’Europe Centrale.
La révolution (tranquille) orange. Dans les années 1990, une révolution s’est installée dans le Friuli, au nord-est de l’Italie, tout près de la frontière slovène. C’est là que Stanislao Radikon, Josko Gravner et Edi Kante, trois vignerons désillusionnés par les pratiques industrielles de vinification ont décidé de faire du vin blanc «comme avant». Ils ont inspiré des vignerons d’un peu partout à produire des vins de macération au caractère tout à fait unique, parfaitement représentatifs de leur terroir. Leur popularité s’explique probablement parce que dans cette technique de vinification, les tanins des peaux protègent le vin, qui aura moins besoin de sulfites. Pas étonnant que le vin orange ait été un joueur important dans le mouvement du vin naturel!
L’arrivée au Québec. C’est en 2006 que les vins orange – ceux de Stanislao Radikon notamment – ont débarqué chez nous en importation privée. Un peu plus tard, ce sont les très courus vins de Cos et de La Stoppa qui ont garni les tablettes de la SAQ. Le phénomène a pris de l’ampleur au fil des ans et des producteurs du Québec comme les vignobles Negondos et Pinard et filles se sont aussi lancés dans la production de ces vins.
À table, maintenant! Parce qu’ils sont aromatiques, assez charpentés et relativement tanniques, les vins orange accompagnent bien des plats robustes comme les légumes racines, le chou braisé ou mieux encore une montagne de choucroute garnie après une journée de plein air! À essayer aussi avec toutes les déclinaisons du cochon – du rôti traditionnel à la porchetta bien aillée en passant par les charcuteries – de même que les pâtes non tomatées (spaghetti carbonara, orecchiete au brocoli et aux anchois). Enfin, si ces vins peuvent accompagner certains poissons au goût prononcé comme les anchois, justement, ou alors la lotte et la morue salée, on ÉVITE de les servir avec des fruits de mer – sinon gare au choc des tanins!
On sert froid comme un blanc ou pas? Pour le vin orange, la température idéale tourne autour de 15 degrés, ce qui est un peu moins frais que pour un blanc et un peu plus chambré que pour un rouge.
Le Jakot ici et Le Pithos ici.
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Des producteurs à découvrir à la SAQ:
Arianna Occhipinti
Cos
Domaine Landron Chartier
Domaine Viret
Gravner
Heinrich
La Stoppa
Meinklang
Paraschos
Princic
Radikon
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